Papa, t'es pas drôle !!

Louise n'aime pas que je plaisante.

C'est un truc de fou. Lorsque Louise me pose une question, je dois répondre sérieusement. Il suffit que je modifie ma voix, que je réponde en chantant ou d'une façon un peu loufoque pour que ça l'énerve. 

Elle n'aime pas que je me moque d'elle, elle ne supporte pas que je la charrie. Pour elle, je suis un adulte et je ne dois pas plaisanter. Elle tolère que je rie avec elle en jouant, que je me déguise ou que j'ai l'air ridicule mais quand elle est d'accord et pas à son détriment.

Heureusement, je suis quelqu'un de sérieux et me moquer d'elle sous prétexte que je sais que ça va la faire enrager ne me viendrait pas à l'esprit. En plus dans ses moments là, elle se fâche fort, elle me dispute au point où je dois de temps en temps mettre le holà et la remettre à sa place. Vous me direz, quand les adultes se conduisent comme des enfants, il ne faut pas s'étonner que les enfants se prennent pour des grands... Si vous n'avez que ça à dire, je comprend que ce soit moi qui écrive !

Je trouve important qu'elle apprenne à ne pas se prendre au sérieux. C'est d'autant plus important qu'on lui dit à longueur de semaine qu'elle est belle et qu'elle est intelligente, il faut qu'elle sache prendre du recule là-dessus. Comme sa marraine. Je vous ai déja parlé d'elle, la marraine de Louise est la soeur de Carole, c'est une fille magnifique avec un QI à faire pâlir de jalousie pas mal de monde, mais ce qu'elle a de plus attachant, c'est qu'elle ne se prend jamais au sérieux. Quand je pense au nombre d'andouilles qui se la pète au moindre repas de famille. Alors que nous, esprits supérieurs nous efforçons à rester humbles et discrets.

Par contre Louise est très forte en jeux de mots. Pas les trucs un peu foireux que je fais de temps en temps au boulot et qui font que, systématiquement, mes collègues lèvent les yeux au ciel dans une rapide prière silencieuse où se côtoient :"mais pourquoi moi, mon Dieu, ça tombe toujours sur moi !" et "Et dire que j'ai fait des études pour finir par bosser avec ça ! ". Non, ma fille jongle avec les mots, elle en invente, fait des rimes et sais même pasticher une chanson. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais c'est très difficile et exige pas mal de vocabulaire.

Je me rappelle, tout petit, il y avait le parrain de ma maman, un petit monsieur au regard pétillant et qui m'a appris ça : jouer avec les mots. Je lui serai toujours reconnaissant de m'avoir appris à aimer les mots. A aimer jouer avec, jongler avec et même jouer au bonto avec. 

Les mots sont les choses les plus futiles et les plus puissantes du monde. Combien de guerres à cause d'une simple insulte, combien de morts. Et songez au pouvoir de "i have a dream" sortant de la bouche Martin Luther King ou "aimez-vous les uns les autres" d'un autre orateur célèbre. 

On sous-estime les mots en général, on ne cherche pas à les connaître et à les apprivoiser. Je dois avouer que je suis un autodidacte, là dedans comme dans plein de domaines, j'ai donc beaucoup de lacunes. J'ai des amis qui sont des professionnels des mots et qui les maîtrisent mieux que moi. Mais enfin tant que je m'amuse.

Louise s'est mise à parler juste après avoir réussi à marcher. Et ce qui nous a surpris, c'est qu'elle a parler bien très vite et surtout avec beaucoup de vocabulaire. Ça ne l'empêche pas d'être très "caca-prout" par moment au grand désespoir de sa maman qui lève les yeux au ciel pendant que je me tourne pour rire discrètement. Oui, je sais, mais moi, venant de Louise, le "pipi-caca" ça me fait marrer.

Je trouvais rigolo quand elle sautait dans les flaques d'eau petite, maintenant je rigole quand elle raconte des âneries à son frère. Je me demande si je ne grandis pas en même temps qu'elle.