Il paraît qu' Il faut que je communique...Alors ça. J'ai l'impression de passer ma vie à ça. A en croire les gens, il faudrait tout dire, tout raconter, tout expliquer, se mettre à poil devant les autres pour qu'ils nous comprennent. C'est un truc à la mode ça, communiquer. Personne n'avoue que ça ne marche pas, et comme on nous vends ça comme la recette ultime du bonheur, alors tout le monde le fait. Et ça donne des conversations de merde, de la psychologie de comptoir et toujours autant de mésententes. Ce qu'il faut bien comprendre c'est que communiquer ne sert strictement à rien quand l'autre...
Au milieu de la nuit j'écoute de la musique. Un piano, un violon et un violoncelle. Il n'en faut pas plus. Les notes du piano tombent comme les gouttes d'eau d'un toit enneigé, le violon plane lentement en flocons légers et le violoncelle est tout autant le ciel très blanc des jours de neige que vent d'hiver qui fait danser les flocons dans la nuit froide. C'est l'hiver cette musique, froid et humide, vide de toute vie. Un hiver où la neige camoufle pudiquement les arbres mis à nus par l'automne . Un paysage blanc des montagnes de mon enfance. Et à nouveau la danse. Celle des notes qui montent...
Tristan va faire du foot je crois cette année. C'est pas que ça me réjouisse, les valeurs que portent ce sport actuellement ne me plaisent pas vraiment, mais si c'est son choix et son envie, je n'ai pas à lui refuser. Le problème du foot, c'est qu'il est érigé en institution chez les enfants, garçons surtout mais pas que. C'est un passage incontournable, moi même j'ai joué une saison en équipe dans le village où j'habitais avant de jeter l'éponge. Je voulais faire comme tous mes potes de classe qui ne parlaient que de foot et de leur match du week-end. Je voulais faire partie de ce groupe cool...
Quand j'avais votre âge je vivais dans une maison au bord d'une nationale. C'est dans cette maison que j'ai grandit. J'avais douze ans je crois quand toute la famille a déménagé, j'étais déjà grand alors. Je me souviens de ma maison d'enfance, du salon, des ouvertures en arc de pierre qui le séparaient de la salle à manger. Je me souviens de la cuisine, du grand couloir avec au bout, la porte de la cave puis, sur la droite, la petite salle de bain froide, les toilettes et l'escalier en pierre qui montait à l'étage des chambres. Je me souviens du grand jardin, du prunier en piteux état où on grimpait....
Ce soir je pense à une vieille dame croisé aujourd'hui. Une vieille dame fatiguée que j'ai fait s'assoir au magasin, à qui j'ai donné un verre d'eau et avec qui j'ai parlé. C'est toujours difficile au boulot de perdre du temps, en plus, dans le commerce, on voit tellement de gens qui semblent prendre un malin plaisir à vous le faire perdre. Ils pensent peut-être que le fait de nous accaparer les rends plus important, que le client est roi... Belle connerie. Moi je suis patient avec ce genre de personnes juste parce que j'ai pitié d'eux au fond et que je sais qu'ils ont besoin de se sentir supérieur...
A quoi penses tu quand tu joue comme ça ? Quand tu es ailleurs soudain et que le monde entier s'efface pour toi ? Tu baisse les yeux, ils se voilent un peu, tu parle tout seul. Le monde devient flou autour de toi, et j'imagine que tu cours, que tu pilote une voiture ou poursuis un dinosaure. Tu bouges et commente tes gestes, tu invective, tu encourage dans des cris murmurés. Je vois derrière toi le monde changer, un désert, des voitures, des épées, des vaisseaux spatiaux, tout est là. Ton corps est le piquet qui te maintient ici alors que ton esprit à plongé dans un monde d'aventures. Ton corps...
Parfois j'aimerais m' assoir au bord du monde, me pencher un peu, les pieds dans le vide et regarder danser la Voie Lactée et derrière elle, tout l'univers. C'est une danse complexe dans le silence du temps. Du plus petit cailloux au plus gros soleil, l'univers valse au rythme d'un ballet sans fin qui ne se répète jamais. Il danse sous mes pieds, lentement d'abord. Je vois l'infini complexité de cette chorégraphie précise et millénaire. Des déplacements précis, rodés d'une pureté simple et efficace. La danse du système solaire, pour peu qu'on y inclue tous les corps qui le compose est déjà magnifique...
C'est curieux cette idée qu'on a de vouloir vous préparer au monde. En fait, quand on regarde bien, c'est plus votre monde que le mien. Il y a des chances pour que vous le compreniez mieux que moi. Et, il y a intérêt que ce soit le cas, vous êtes plus intelligents que moi. La vie est une marche. Une longue marche, sans pauses. Toujours un pied devant l'autre, toujours. On traverse des vastes plaines de blés flamboyant au soleil du matin, des collines qui nous mènent à découvrir d'autre plaines verdoyantes. Parfois des marais, parfois des forets sombres qui mettent notre courage à l'épreuve. Mais...
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