Nocturnale

C'est curieux cette idée qu'on a de vouloir vous préparer au monde. En fait, quand on regarde bien,  c'est plus votre monde que le mien. Il y a des chances pour que vous le compreniez mieux que moi. Et, il y a intérêt que ce soit le cas, vous êtes plus intelligents que moi.

La vie est une marche. Une longue marche, sans pauses. Toujours un pied devant l'autre, toujours. On traverse des vastes plaines de blés flamboyant au soleil du matin, des collines qui nous mènent à découvrir d'autre plaines verdoyantes. Parfois des marais, parfois des forets sombres qui mettent notre courage à l'épreuve. Mais nous ne marchons pas toujours seuls. Des amis, des amours, des compagnons de voyage allègent le mois des kilomètres. 
Parfois une clairière ou la berge d'une petite rivière nous invite à rester un peu, le temps d'une saison, mais tout arrêt est interdit. Celui qui cesse de marcher s'endormira un soir d'été et ne verra pas l'hiver venir l'ensevelir. Il cessera juste d'être. Il faut marcher seul ou non, toujours vers l'horizon, toujours vers le soleil couchant. C'est un voyage magnifique et fascinant, tout y est tellement beau. 
Parfois une montagne ce dresse devant nous. Il faut alors la gravir sans faiblir, sans se retourner de peur d'être saisie de vertige. Monter pas à pas, malgré la fatigue et les neiges du glacier. Franchir la montagne et voir de l'autre coté  cette étendue immense couverte d'herbe et de bosquets, de ruisseaux et de fleurs avec au bout, au loin, le soleil qui descend lentement.
C'est là que je suis, au sommet de ma montagne. Je suis face à ce paysage magnifique qui se dévoile en entier devant moi jusqu'à la fin de mon jour. Quelques orages noircissent le ciel par endroits, des nuages noirs teintés de l'orange apaisant d'un soir de fin d'été. Rien, au fond que je ne sois en mesure d'affronter je pense. Je sens vos mains dans les miennes et la douce chaleur de fantôme qui m'accompagne. Vos mains quitteront la mienne bientôt, vous avez votre route. 
Quand à moi, une longue descente m'attends puis la plaine jusqu'au soir. Est ce qu'on se noie dans le soleil couchant ? 
Ma vision des choses est probablement très naïf. Tant pis.