Ca va barder, mon p'tit chou.
Aujourd'hui, c'était journée sans filles.
On s'est bien marré, les deux Tristan. J'ai fait des marionnettes avec des chaussettes, ça l'a bien fait rire. On est allé voir mes collègues au boulot, juste histoire de leur montrer qu'elles se sont faites avoir en croyant que leurs enfants à elles étaient les plus beaux du monde. Après leur avoir ruiné le moral, nous sommes rentrés tout heureux de notre après-midi (ouais, je sais, je suis cruel).
Nous sommes allés chercher Louise à la sortie de l'école. Et là, sa maîtresse me dit que Louise a fait une bêtise et qu'il faut qu'on en parle. Mon premier réflexe a été de dire que c'était pas elle, et que de toute façon, "je connais personnellement la directrice !!". Bon, j'ai rien dit, d'abord parce que Virginie, la maîtresse de Louise, est gentille comme tout, qu'en plus, je crois qu'elle sait que Louise est la fille de la directrice et qu'enfin, il me semble me rappeler que, malgré tout, il arrive à Louise de commettre des actes qui pourraient être perçus comme des bêtises par un oeil autre que le mien.
Bon, je vous crache tout de suite le morceau. ma poupette n'a rien trouvé de plus malin que de réveiller une de ses camarade pendant la sieste en sautant sur son lit. Me voila donc essayant de disputer Louise, elle, avec ses petits yeux baissés et son regard de chiot qu'on dispute et moi tentant de garder mon sérieux devant la gravité de la situation tout en l'imaginant bondissant en hurlant sur le lit de sa copine qui se réveille en sursaut comme toute la salle de repos d'ailleurs (et peut-être même Virginie...).
Louise a une façon de me regarder quand je la dispute qui fait qu'une fois sur deux je suis au bord de l'éclat de rire (ce qui, dans la situation sus-décrite n'aurait pas été une super bonne idée et mis en péril la crédibilité de la maîtresse et m'aurait valu d'avoir la directrice sur le dos toute la soirée).
Je suis un vieux post-soixante-huitard (je suis né en soixante-neuf, ce qui fait de moi un post-soixante-huitard, hey oui !) et mon rapport à l'autorité étant ce qu'il est, j'ai un peu de mal à punir Louise pour un truc qui finalement me fait plutôt marrer quand je l'imagine. Bon, je vais le faire, la punir, je suis pas complètement inconscient. Je sais que Louise a besoin de limites et d'être cadrée. C'est aussi ça le rôle de parent, punir même quand on a envie de rigoler. C'est pas facile, surtout quand elle me regarde avec ses grands yeux suppliants où se lit quand même quelque chose de mutin et de farceur.
On m'a dit un jour que j'avais un regard spécial quand j'allais faire ou dire des conneries et qu'on savait d'avance que j'étais prêt à déconner rien qu'à mon regard. Louise est un peu comme ça. Je sais quand elle va faire des bétises rien qu'a ses yeux. Le problème est qu'elle ne sais pas s'arrêter, quand elle est en mode déconne, elle devient ingérable et ça fini souvent par une dispute voir une punition.
Heureusement Carole est là. Elle est la corde de sécurité qui fait que le foyer ne tombe pas dans l'anarchie. En plus, elle sait par expérience professionnelle ce que ça donne des mômes sans repères et sans limites fixées. Et puis, on peut comprendre aussi qu'elle n'ait pas envie que la terreur de l'école soit sa propre fille. Elle serait obligée de me convoquer le soir après les cours pour me sermoner. Et ça, ça fait désordre. Et comme par hasard, ce serait de ma faute !!
N'empêche...
Louise, si tu lis ces lignes quelques années après que je les ai écrites, sache que je ne t'ai pas punie à contre coeur, il fallait que tu le sois. Mais bon, ça a été super dur garder mon sérieux. En plus on en rêve tous de se pointer vers un copain ou une copine et de sauter sur son lit en hurlant pour le faire sursauter, sauf que toi tu avais quatre ans....Tu es décidement très précoce.
Edit : la punition a été donnée, le sermon de papa, maman a dû être écourté pour cause de fou-rire difficilement contenu !!